Vieux bouquins
Je ne rentre jamais dans cette librairie des beaux quartiers d’Avignon, l’aristocratique; les beaux livres d’occasion , éditions rares, originales, reliées pour bibliophiles avertis ne m’intéressent pas. A quoi bon acquérir des livres impeccables, à valeur élevée , mais à contenu parfois médiocre ? Outre que mon portefeuille n’est pas suffisamment garni pour ce genre de sport, il me manque à la fin la satisfaction très sensuelle de découvrir le projet ou la pensée d’un auteur et de s’approprier son texte ou le contenu du livre. De plus , le libraire de ces lieux distingués ne connaît pas mes goûts et mes manies ; il ne pourrait comprendre combien j’ai éprouvé de plaisir en dénichant une vieille flore locale toute poussiéreuse contenant encore des étiquettes d’herbier d’un hussard vert de la Botanique du 19° siècle, un des nombreux botanistes qui ont construit la connaissance de la Flore de notre pays.
Je préfère de beaucoup l’ambiance du Marché aux puces, un peu rétréci en ce moment du fait des travaux d’aménagement de la Place des Carmes. Le dialogue avec les libraires d’occasion ou le soldeur de livres neufs , avec l’annonce du prix qui m’est consenti, toujours inférieur au prix marqué , est aussi le petit plus qui me donne envie de revenir, comme je reviens depuis 1980, ainsi que je l’ai déclaré ce Dimanche, au journaliste de la Provence chargé de recueillir les commentaires des “collectionneurs “ et “chineurs” présents place Cabassole.
Et puis l’imprévu en ce domaine, c’est toujours excitant...Dimanche dernier, ainsi je suis revenu avec un livre neuf , récent (2004), en solde, fort documenté sur Émile Gallé, maître verrier, créateur de mobilier, céramiste, mais aussi passionné par la Botanique, ami de René Zeiller un des fondateurs de la paléobotanique, ayant herborisé avec Godron, l’un des rédacteurs d’une Flore de France ancienne encore fort renommée.
Ma deuxième trouvaille fut celle du récit de l’aventure des pionniers et fondateurs de la communauté spirituelle de Findhorn, édité en 1987 par “nature et progrès”. L’affreux rationaliste que je suis a pu découvrir ainsi qu’un mouvement connu par ses références agricoles et paysannes (voir les producteurs qui s’y réfèrent sur le marché de Cahors) publiait il y a vingt ans un livre qui mélangeait allègrement dans l’histoire de la naissance d’une communauté du Nouvel Âge la confection d’un compost et le dialogue coopératif avec les esprits de la nature, elfes, dévas, des anges quoi.... Même le dieu Pan apparaît et parle à l’un des auteurs sur un mode très concret. J’en suis tombé par terre, mais ce n’est pas la faute à Voltaire... Mais cela permet de saisir un peu toute la bouillie spirituelle pour chat qui contamine un peu les discours de l’ Ecologie profonde et de saisir pourquoi l’affreux Luc Ferry a pu un moment les pourfendre et croiser le fer avec le délicieux Michel Serres soupçonné de les défendre (Le contrat naturel) Je mets dans la même boîte les charismatiques, les islamistes fondamentalistes et les écologistes qui veulent nous faire vivre dans un monde “purifié”, “préservé” à côté d’un “surnaturel” pas du tout rigolo.
Une exception tout de même, j’aimerai bien rencontrer le petit dieu Priape; j’ai deux mots à lui dire..
1 Comments:
Priape, es-tu sûr?
Qu'en pense Pan? Il semble bien mélancolique....
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