Eros et Thanathos, cultiver son jardin de paradis...
Lorsqu'on parle de l'amour, la mort n'est jamais très loin....
En cette période de fin d'année 2009, elle a frappé deux fois dans mes connaissances; une première personne rencontrée très récemment au début du mois de Décembre... un entomologiste local, spécialiste de petits groupes, fin dessinateur d'insectes... On n'a pas eu le temps de se revoir...mais on avait eu le temps de reconnaitre des techniques et des objets d'études communs..
Et puis aujourd'hui, est venue la nouvelle du décés fin Décembre, d'une personne bien plus connue, qui a impulsé durant des années le travail expérimental de groupes d'enseignants dont je faisais partie. Nous rencontrions Jean-Pierre Astolfi deux ou trois fois l'an, plusieurs jours, au cours de stages disciplinaires, puisqu'il avait démarré comme professeur de Sciences naturelles (ancienne appellation, devenue professeur de Biologie-Géologie par la suite). Il avait remplacé à l'INRP un homme étonnant, Victor Host. Vous lirez le détail et la suite dans l'article consacré à Astolfi sur le site des Cahiers Pédagogiques (voir le texte de Francine Best, ancienne directrice de l'Institut national de la Recherche Pédagogique).
Au cours de ces stages , petit à petit nous avons vu s'élaborer des concepts de la didactique des sciences que nous étions invités à tester, à explorer.. et ceci sous la houlette d'auteurs très différents de nos lectures habituelles, que nous étions appelés à découvrir et à comprendre, Bachelard, Moscovici (le pére!), Karl Popper, Canguilhem etc...
Nous avons expérimenté, testé , écrit...des textes pour éléves, des textes pour adultes. Des personnalités se sont détachées, André Giordan, alors chevelu, vite parti à Genéve ("avez vous lu ma thése" ?), Jean Marc Drouin, jeune philosophe talentueux devenu professeur au Museum, historien des sciences, revu avec plaisir il y a quelques années, qui nous a fait découvrir l'histoire des concepts de l'Ecologie scientifique, et bien d'autres encore.
Et puis nous avons vu apparaitre des ouvrages bâtis suivant cette façon inédite, qui avait l'ambition d'enseigner la science en intéressant les éléves: des ouvrages pour eux d'abord, assez novateurs, chez Belin (un bide chez les collégues, ce petit Belin...) puis des ouvrages pour les enseignants... ( quelle éducation scientifique, pour quelle société ? en 1978). La période d'écriture féconde démarre à partir de 1980; les textes longtemps ronéotés paraissent imprimés, et on peut les employer dans des auditoires de collégues...en mouvements pédagogiques ou syndicaux d'abord, puis en formation ensuite...
Aster, revue de didactique des sciences, est créé: de nombreux collégues d'alors vont y écrire...Moi même j'y commettrai un texte ( 1989 n°9 - page 172 à 194): vingt ans déjà...
Au bout du compte, aujourd'hui, pour ceux qui ne le connaissent pas trop, on peut faire une recherche sur Google:
si on a le temps, et pour faire mieux connaissance une conférence en video .
Et puis je ne peux m'empêcher de renvoyer à ce texte étonnant « Chaque discipline est une sorte de petit jardin de paradis », cité dans son blog par Luc Cédelle en guise d'hommage.
Eh oui... comme Jean Pierre et les autres collégues, nous avions l'ambition de transformer les Sciences nat. d'alors en "petit jardin de paradis". Y sommes nous vraiment arrivés ?
3 Comments:
Pour avoir été "cobaye" , c'est à dire élève dans ce collège Jean-Jaurès de Calais, et dans ta classe, je dois dire que c'est la meilleure période de ma scolarité !
Nous avions franchi la "lourde porte" et nous nous ébattions gaiement dans ce jardin hors des sentiers battu du savoir !
Peu de collègiens peuvent bénéficier je pense d'une telle approche actuellement.
On voit tomber des consignes venues d'en haut : Il ne faut plus sortir, ne plus faire trop de musique, trop d'art, revenir aux fondamentaux, ne pas trop expérimenter, ...
Cependant subsistent l'approche de la démarche scientifique à l'école primaire, les classes à pac (projet artistique et culturel)
On ne peut pas faire table rase de telles recherches, vous avez défriché ces petits jardins de paradis, et ils existent toujours, même si l'on tente d'en refermer les portes, et je pense qu'il y aura toujours quelques jardiniers qui permettront aux élèves de venir y apprendre en "hors classe" pour te citer dans l'article d'ASTER !
jp astolphie est un nom qui est resté dans ma mémoire. Pas Forcement l'age de comprendre de quoi il en retourné, mais mes les oreilles fonctionnaient bien.
l'école s'est important pour les connaissances mais pour aller chercher à manger des fois, il faut aussi savoir pécher.
ij87
L'école c'est important, de toute façon...pour se construire avec les autres, les vieux d'abord (enseignants- adultes) et les pairs (les autres jeunes)...Et on vieillit ensuite et on continue à se construire en confrontant ses idées avec des pairs (la même génération)..., mais aussi avec des plus jeunes...Bref on n'a jamais fini de franchir "la lourde porte.."que d'autres aident à entrouvrir..Mais c'est un fait actuellement, l'école néglige parfois de jouer ce rôle et on est obligé d'attendre un peu pour trouver des "éveilleurs" pour aider à se construire.JPJ
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