mercredi, juin 21, 2006

Phyllostachys, le bambou bien curieux.






La nuit précédente a été agitée dans la région. Hier soir, la télévision nous apprenait que des orages violents s’étaient produits autour de Montauban, avec des dégâts importants aux toitures des maisons et de nombreuses grosses branches de platane à terre.

Au même moment, rien de tel au Brugas; de nombreux éclairs, des coups de vents imprévus certes, mais pas de destruction spectaculaire, pas de feuillage au sol, pas d’arbres meurtris et toutes les tuiles en place comme pouvait le constater Jean-Pierre rassuré au réveil.

C’est tout de même Annick qui lui a mis la puce à l’oreille (c’est une image bien sûr !: il n’y a jamais eu de puces au Brugas, tous ceux qui y ont séjourné peuvent en témoigner). En allant aux toilettes, ouvrant la petite fenêtre comme elle le fait chaque jour, elle a vu de suite le changement de décor: un bambou à tronc jaune de la famille des Phyllostachys s’était invité durant la nuit; inclinant son feuillage épais et majestueux sous l’emprise du vent, il s’était incliné jusqu’à se placer dans l’encadrement maçonné de l’ouverture en la bouchant à moitié, créant ainsi dans le petit coin une ambiance semi obscure propre à la méditation, mais génante pour la lecture paisible du journal.

Jean Pierre sait s’adapter à toutes les situations. Au lieu de la lecture du journal le matin de bonne heure, il suffit de laisser la porte légèrement entrouverte et de hausser légèrement le son de la radio pour obtenir le même résultat: ainsi put-il ce matin réécouter les propos plein de sagesse de notre président inaugurant le musée des Arts Premiers et ceux nettement différents de notre premier ministre pétant les plombs à l’Assemblée. Rien de bien changé dans les habitudes du Brugas.

C’était sans compter avec Pépé des Ha...

Pépé des Ha est le cousin de Bill déjà évoqué dans ce blog; ils sont nés la même année, au même endroit, mais pas de la même mère lézard; celle de Bill affectionnait les marches d’escalier, celle de Pépé des Ha avait des ambitions nettement plus élevées pour son fils; celui ci avait été fortement invité à s’installer sur le toit du grand appentis à l’Ouest de la maison, bordé par une couronne de bambous à tronc jaune. De là il prenait le soleil du soir, le plus chaud, idéal pour la thermorégulation en fin de journée. Le reste du temps, par contre il était à l’ombre et s’embétait un peu. Il cherchait donc quelque occupation. Notamment à découvrir de nouveaux espaces, d’où il pouvait dominer la situation, ce qui était bien dans le caractère de la famille.

Or ce jour là, il nota une pente différente d’un bambou à tronc jaune;la nouvelle inclinaison semblait propice à l’ascension et à la progression faciles vers de nouveaux horizons, et il se rendit compte qu’il disposait maintenant d’un accès aisé à l’appui horizontal de la petite fenêtre . Aussitôt pensé, aussitôt réalisé; en deux temps et trois mouvements Pépé des Ha s’installait plus haut, s’agrippant au bois du bâti, avec le projet de hisser son corps et sa queue pour les faire reposer sur la base horizontale.

Il n’en eut pas le temps.

Jean Pierre était revenu méditer...Au moment de s’installer convenablement, il poussa une exclamation de surprise. Une petite tête couverte d’écailles était apparue dans le coin inférieur droit et elle le fixait sans bouger, un peu comme font ces personnages presque immobiles qui présentent les informations le soir à la télévision. Pépé des Ha le regardait comme on regarde un prompteur qui déroule un texte.

Jean Pierre n’était pas un prompteur. Pépé des Ha, comme Phyllostachys le bambou trop curieux, s’en aperçurent rapidement. Le bambou fut vivement redressé, et Pépé des Ha fermement invité par la voix et le geste à contempler d’autres spectacles. Ce n’est pas du tout la fonction d’un lézard, fut-il ambitieux, de troubler les méditations humaines. Et encore moins celles d’un bambou.

Il faut bien se faire une raison: pour les bambous, comme pour les lézards, la curiosité reste un vilain défaut.

C’était donc la belle histoire du début de l’été de Papy Nature avec la fidèle collaboration de Mamy Nature, pour les grands et petits enfants chéris, et pour les autres bien sûr.

2 Comments:

Blogger AnnJa said...

Dommage que Papy Nature n'ait pas emmené son appareil photo pour capturer Pépé des Ha, ou du moins son image. Maintenant, quand Papy Nature ira méditer, il gardera son appareil à portée de main !

mercredi, 21 juin, 2006  
Blogger AnnJa said...

frémissement du bambou
le lézard s'aventure
pfuit aussitôt disparu

jeudi, 22 juin, 2006  

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