Rencontres avignonnaises

9 heures ce matin, rue des Infirmières.

Les bras chargés, je viens de faire des courses à la supérette de la rue Carreterrie que nous continuons à appeler Huit à Huit malgré l’enseigne modifiée depuis deux ans.

Un petit monsieur de mon âge, fort bien mis,avec un fort accent maghrébin m’accoste de façon classique chez les témoins de Jéhovah, en me mettant dans les mains d’autorité un petit magazine colorié “ La Tour de Garde”, et essayant de m’étonner avec des faits pseudo scientifiques miraculeux; je lui dis très rapidement comme a chaque fois, qu’il ne me convaincra pas, car mes croyances sont d’ordre scientifique et que la religion et la science sont deux domaines qui n’ont rien en commun. Vieille rengaine commode d’ailleurs dans ce cas, qui me permet de changer de rôle en sortant du personnage qu’on va essayer de convaincre . Bref , on discute avec le sourire....A notre âge, on ne va pas se fâcher pour si peu, et Jéhovah fait toujours si bien les choses.
Bref on tchache un peu de tout, ce qui est contraire au réglement des témoins de J. parait -il , mais une fois en passant Jéhovah ou son représentant sur terre ne dira rien, et de tchache en tchache, j’apprends que c’est un ancien chauffeur de car de l’INRA de Montfavet, revenu en hâte au moment de l’indépendance de l’Algérie probablement dans le bagage d’un chercheur. Et puis on a des connaissances communes,à l’INRA de Montfavet, il connait bien l’ancien président du centre qui vient le voir et que lui même va voir...et que je connais...Il va lui dire qu'il m'a rencontré.
Bref ça baigne...il est de plus en ravi, et le répéte, et moi aussi d’ailleurs. Il est d'origine marocaine, son épouse est décédée l'année dernière dans sa maison de la maladie d'Alzeihmer, il a deux filles qui le chouchoutent bien en lui préparant ses repas, mais il ne veut pas les enconbrer.

Quand même, Témoin de Jéhovah magrébin à Avignon , faut l’faire. Il n'y a qu'à moi que ça arrive...

On se quittera au bout d’un quart d’heure en disant que c'est une bonne journée et qu’on est bien content de s’être rencontrés, ce qui est vrai pou lui comme pour moi d'ailleurs. Et puis, en une phrase, il a "soufflé"et "décoiffé" l'enseignant en retraite.

En effet, sa confidence la plus étonnante, la voilà “ Moi, msieur, j’suis pas allé à l’école, j’ai pas appris, j’aurais jamais cru que j’pourrais expliquer , c’est grâce à la bible...que j’peux donner des explications”..