mercredi, février 22, 2006

Outreau 4 : suite


Commission Outreau

Elle a repris ses travaux; quelques journalistes sont encore présents, c’est toujours diffusé sur la Chaîne Parlementaire, mais ça ne fait plus les gros titres des Journaux télévisés, ni même des radios généralistes comme France Inter. Les aventures du virus du moustique de la Réunion ou la peste aviaire (et non la grippe aviaire, invention médiatique) escamotent dans l’actualité, les témoignages des magistrats ayant préparé les procès en assises de l’affaire d’Outreau.
Hier les juges des libertés et de la détention (J.L.D.) rendaient compte de leur façon de travailler devant les députés. Deux juges, un homme, une femme, à la personnalité bien différente.
Le premier, qui a bien préparé son intervention, notamment en visionnant soigneusement tous les témoignages précédents, est long, très long, légèrement ennuyeux, un rien combatif si on semble le chatouiller un peu, mais s’excusant platement s’il a l’impression d’avoir dit un mot plus haut que l’autre: un notable, donc conscient de l’être, et qui réfute par avance tout ce qu’il a senti qu’on lui reprochait dans les auditions précédentes. Par sa longueur et son argumentation, il va laisser les députés de la commission sur leur faim de questionnement; et paradoxalement, les questions qu’on n’a pas pu lui poser seront posées à sa collègue de Boulogne dont le témoignage est totalement différent.

En effet celle ci, outre le récit argumenté de ses prises de décision (confirmation de détention par exemple: les dossiers des personnes mises en examen ne sont alors pas vides), développe une analyse remarquable de la situation quotidienne d’une juge de base confrontée à la prise de décision de justice, rapide, trop rapide dit elle, dans un département le Pas de Calais, au passé ouvrier devenu le présent précaire, proche aussi de l’Angleterre, donc lieu frontalier où se rassemblent les candidats à la migration (le camp de Sangatte est contemporain de l’affaire d’Outreau). Elle donne des détails pratiques et on retombe dans l’indignité et l’indigence des moyens accordés à la justice dans notre pays moderne: nos chers députés ont ils compris, qu’en même temps qu’une réforme utile, il est nécessaire que chaque juge reçoive une charge de travail plus raisonnable et soit pourvu des moyens indispensables pour en venir à bout , y compris l’achat indispensable d’un exemplaire par juge d’un Code indispensable.

On croit rêver, aussi devant la charge de 600 dossiers à traiter transmise à son successeur, par la juge des enfants auditionnée en début de séance.

Pour en revenir à la deuxième J.LD., elle a su donner un visage humain à la figure du juge, seul souvent , décidant alors de la liberté de l’un ou de la détention de l’autre, racontant son émotion d’un soir après avoir mis au trou toute la journée des migrants et deux gamins violents et voleurs, mais clamant aussi sa volonté de faire le mieux possible ce métier ingrat au contact de la société. De quoi faire réagir ceux qui sont également au contact de la souffrance des autres: personnel soignant, personnel d’éducation, etc....

J’attends maintenant avec intérêt les autres magistrats.

1 Comments:

Blogger AnnJa said...

L'eau coule, sous les ponts, l'information se dilue, se perd se fait remplacer par du plus sensationnel; et on empêche la reflexion de se former, d'exister. Merci de nous faire profiter du suivi de ces témoignanges!

jeudi, 23 février, 2006  

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