vendredi, février 24, 2006

Outreau 5 et 6

C’est devenu confidentiel: peu de journaux en parlent, et pourtant, mercredi, c’était l’audition des magistrats et magistrates de la chambre d’instruction de Douai, président en tête; j’attendais avec une certaine impatience l’intervention de la magistrate qui s’était récemment exprimée dans le Monde, affirmant avec force que les magistrat faisaient correctement leur boulot. Je n’ai pas été déçu; léger sourire aux lèvres, chevelure blonde , strict ensemble sombre, elle a envoyé dans les cordes les chers législateurs en leur rappelant que c’était eux qui votaient et les lois et le budget , que les dernières lois adoptées se caractérisaient par une répression accrue et que le budget de la Justice était toujours aussi maigre: bronca de ces messieurs, mais le président de la commission, le député de l’Isère A.Vannini demande à ses collègues de se calmer et de laisser terminer la magistrate. Je m’attendais à la fin à un déluge de remarques et de questions : rien...


Auparavant le président de la Chambre d’instruction, magistrat fort compétent, avait décrit par le menu et de façon argumentée les méthodes de traitement des dossiers transmis par les juges d’instruction et le déroulement des audiences lorsque des détenus en détention provisoire font une demande de mise en liberté. On s’aperçoit alors que toutes ces procédures doivent se dérouler suivant certaines règles où l’écrit et l’oral ont chacun leur rôle. Il est difficile à un non juriste de naviguer par le détail dans ce chemin pourtant bien balisé. Il est vrai aussi qu’on pouvait se rendre compte que ce président, un homme d’une autorité incontestable, reconnaissait tout de même qu’il n’était pas infaillible et qu’il pouvait se tromper, malgré les 20.000 arrêts signés au cours de sa présidence.


Chaque intervenant , à sa manière, nous a aussi présenté toute la complexité du travail du juge, la nécessité de la culture du doute ainsi que l’insatisfaction qui peut subsister après une décision.


Longue très longue audition de 4 heures; et ça reprend dans la soirée avec deux magistrates et un magistrat de Fort de France en visio- conférence. Les deux magistrates ont repris avec des variantes des interventions sur le thème,” on a fait notre boulot, et bien fait, en respectant la loi, avec les moyens du bord,il est vrai”. Les pratiques des gestionnaires qui ont gagné aussi la justice font des ravages: les magistrats se plaignent de ne pas avoir le temps de s’appesantir sur des dossiers nombreux et complexes et de devoir prendre des décisions sans prendre le temps nécessaire à la réflexion. Peut être la décision de renvoyer devant les assises un accusé très gravement handicapé et incapable d’effectuer en autonomie les gestes quotidiens trouve t’elle là son explication.


Ce jeudi 23 Février, ce fut l’audition des experts, deux docteurs psychiatres et une psychologue: j’ai admiré les rides frontales parallèles de l’un des psychiatres, et la mobilité involontaire du visage de l’autre au moment précis où les membres de l;a commission lui posaient des questions: réactions impressionnantes répercutées par une caméra pour la circonstance impitoyable.


Belle discussion ensuite avec la psychologue sur le caractère abscons du langage technique de sa profession difficilement compréhensible , pour un profane; elle indique d’ailleurs qu’elle est obligée de traduire pour les membres du jury populaire de la cour d’assises lorsqu’elle dépose devant celle ci. Cela permet de réfléchir encore une fois à l’utilité respective de l’écrit et de l’oral dans l’établissement de la vérité judiciaire.


Passionnant donc cette déconstruction d’un systéme, mais y aura t’il reconstruction ? J’en doute, pour avoir vécu plus modestement, il y a longtemps des travaux, restés stériles , en commission départementale et académique sur le fonctionnement du systéme éducatif.


Il ne faut pas se leurrer: en l’état des finances actuellles; on ne pourra certainement pas financer une réforme. Alors, on peut toujours causer.






P.S. Connaissez vous les caractères qui permettent de reconnaitre un abuseur sexuel et de le différencier à coup sûr d’une personne “normale”....
Ne cherchez pas. Il n’y en a pas.