vendredi, mars 17, 2006

Mélanges

La commission d’ Outreau, c’est fini pour cette semaine: et la semaine prochaine, je ne pourrai pas suivre ses travaux; mercredi, on a eu droit encore aux témoignages de la presse nationale, télévision nationale et le Monde; hier jeudi les syndicats de magistrats. Ceux ci avaient organisé Mardi une journée porte ouvertes dans les tribunaux pour montrer le fonctionnement de la justice. Les syndicats ont été fidèles à l’image que je m’en faisais, le syndicat le plus à droite aux effectifs les plus importants, l’Union Syndicale des Magistrats, un autre plutôt de gauche, le Syndicat de la Magistrature; le premier insistant beaucoup sur les conditions de travail et les problémes de moyens insuffisants, le deuxième attaché plutôt à des réformes structurelles. Tout cela doit être débattu en détail la semaine prochaine en table ronde.

Il parait que les Français ont une méconnaissance “abyssale” du fonctionnement de la justice et il serait nécessaire parait-il de leur donner une initiation dès le collège. La discussion a porté en particulier sur un développement éventuel de l’échevinage: l’échevinage dans la justice , c’est introduire des citoyens à côté des magistrats professionnels comme on fait déjà dans les cours d’assises avec les jurés. Attendons les échevins...Autre développement possible , la prise en compte d’une opinion dissidente dans un jugement...

Sinon des chiffres: 137 réformes du code de procédure pénale en 30 ans...10.000 textes permettant des sanctions, un logiciel développé par des avocats et permettant de repèrer 2600 cas de nullité dans les procédures, sans compter le rappel du peu glorieux classement de la France, 23° sur les 25 pays européens pour les sommes consacrées à la justice..

Donc des changements en perspective s’il y a une vraie volonté politique...On peut en douter, fin de règne oblige.

Hier j’ai eu l’occasion d’écouter le matin sur France Culture François Bégaudeau chanté par cette semaine par Télérama pour son roman “Entre les murs”, chronique de classe s’appuyant sur la vie et l’énergie des adolescents à côté d’une salle des profs conventionnelle et banale comme j’en ai connue. J’avais eu l’occasion de le voir présenter son livre au Bateau-livre sur FR5 et j’avais reconnu une certaine manière plaisante de vivre son métier de façon gratifiante malgré les difficultés réelles.

Contraste le soir: dans le grand bazar bruyant d’Arlette Chabot “A vous de juger”, j’ai vu sévir l’auteur du best seller “la Fabrique du Crétin” : pas un sourire, moustache d’officier prussien d’avant 1870, diction assurée de celui qui pense qu’il a toujours raison ... apostrophant d’un” jeune homme” le médiatique jeune président de l’ Unef , et tireur d’élite flinguant les auteurs de fautes d’orthographe.
J’ai retrouvé l’adjudant de mon service millitaire nous criant lors des exercices de tir à balles réélles “planquez vos miches”.Ce style de petit chef est encore fort répandu.Quand il se met à écrire, il a un certain succès: les éditeurs ont besoin de vivre et les poètes ne nourrissent pas le commerce.
Cet homme apparemment a arrété le temps pour se faire plaisir: il vit avant 1968; je le vois bien dans une classe faisant mettre les élèves punis à genoux sur une règle à bords tranchants...Bons souvenirs de classe rappelés par les septuagénaires organisant une expo sur l’école de leur village, évoqués dans la Dépêche du Lot cette semaine..

Moi je me souviens seulement des doigts des fautifs alignés sur le bord du bureau du maître de l’école de Long dans la Somme en 1942. C’était le bon temps.
Ca bombardait le soir. C’était la guerre, mais la discipline régnait dans les classes où le crucifix avait été raccroché.